L’ETAT MALAGASY DOIT GARANTIR LES DROITS HUMAINS ET LA SOUVERAINETE INALIENABLE DU PEUPLE MALAGASY SUR LE PATRIMOINE NATIONAL, ET CESSER LES REPRESAILLES SYSTEMATIQUES A L’ENCONTRE DES DEFENSEURS DES DROITS HUMAINS

Depuis que le nouvel acquéreur du projet intégré Base Toliara, la société américaine Energy Fuels Inc., a confirmé son intention d’exploiter la monazite pour la production de terres rares en plus de l’ilménite, les communautés affectées par ce projet n’ont cessé de vivre dans la peur, d’autant plus que des annonces sur la réouverture imminente du projet circulent sans qu’elles n’en soient officiellement informées. Pour continuer à défendre leurs droits ainsi que leur souveraineté sur les terres Malagasy et sur leurs ressources naturelles, ces communautés ont tenté d’organiser une marche pacifique dans la ville de Tuléar le 27 août 2024 dans l’espoir de faire entendre leurs voix, étant donné que toutes les manifestations qu’elles ont organisées auparavant dans le District de Tuléar II ont tout simplement été ignorées par les autorités étatiques.

La demande d’autorisation déposée par ces communautés a été refusée, alors que les promoteurs du projet Base Toliara ne se sont jamais vu refuser ce genre d’autorisation, et ont même osé réclamer sa réouverture lors de la fête de l’indépendance nationale, alors qu’il s’agit d’un projet qui va perpétuer la spoliation néocoloniale des ressources minières stratégiques de Madagascar, déguisée sous les habits verts de la « transition énergétique propre » dans les pays industrialisés.

Nous nous félicitons de la libération de notre collègue TSIAZONALY Solonarivo Léon arrêté le 27 août en marge de cette marche pacifique, cependant nous dénonçons avec force le non-respect des libertés fondamentales car ce membre du Réseau des Jeunes pour le Développement Durable a été contraint de s’engager à ne plus prendre part à « des grèves » contre le projet Base Toliara.

Par ailleurs, outre la brutalité avec laquelle les manifestations pacifiques sont généralement traitées, les autorités étatiques feraient délibérément pression sur les communautés pour qu’elles acceptent leurs décisions même si celles-ci vont à l’encontre des droits fondamentaux de ces communautés, comme c‘est le cas pour ce projet minier Base Toliara, sous peine de poursuites pour troubles à l’ordre public, voire d’insurrection d’après les doléances que nous avons reçues. Il s’agit de pratiques inconcevables au vu des engagements de l’Etat Malagasy en vertu de tous les instruments internationaux en matière de droits humains qu’il a ratifiés sans les respecter depuis plusieurs années.

Nous rappelons à l’Etat Malagasy qu’il a l’obligation d’assurer la protection des individus et des groupes de population contre la violation de leurs droits fondamentaux par des tiers, et nous l’exhortons ainsi à renoncer à la politique du sacrifice des droits fondamentaux des communautés concernées par le projet intégré Base Toliara, à respecter leurs droits et leur volonté et, par conséquent, à ordonner la fermeture définitive de ce projet, quels que soient ses actionnaires actuels.

De surcroît, nous l’alertons d’urgence au sujet du déni systématique des droits humains à Madagascar, en particulier sur la violence avec laquelle les manifestations pacifiques sont traitées, et ce en toute impunité, ainsi que sur l’intimidation et le harcèlement des défenseurs des droits humains. L’Etat Malagasy doit cesser toute forme de pression sur les communautés qui veulent exprimer leurs opinions et défendre leurs droits, et respecter l’engagement des jeunes pour le développement réel et durable de leur pays, ainsi que pour la restauration de l’Etat de droit et de la justice sociale.

Antananarivo le 29 août 2024

  • Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement – Océan Indien (CRAAD-OI),
  • Femmes en Action Rurale de Madagascar (F.A.R.M),
  • Réseau des Jeunes pour le Développement Durable (R.J.D.D.),
  • Fikambanan’ny Fiherena Manombo Mangoky (FI.FI.MA.MA.).