Les signataires de ce communiqué de presse expriment leur déception et leur profonde préoccupation concernant le rôle et les responsabilités de l’ONE dans le cadre de la régulation des investissements dans le secteur minier, en particulier pour la délivrance du permis environnemental nécessaire aux promoteurs de projets d’exploitation minière à grande échelle pour commencer leurs opérations.
A cet égard, le cas du permis environnemental qui doit être accordé à la société Toliara Sands constitue un exemple significatif des problèmes posés par ce rôle de l’ONE, qui doivent être portés à la connaissance de tous les citoyens soucieux du respect des droits des communautés concernées par les projets d’exploitation minière et de la préservation de notre environnement et de notre capital naturel, que ce soit dans le site du projet de Toliara Sands ou dans les autres régions de notre pays.
Depuis que les consultations publiques exigées par la règlementation en vigueur sur l’Etude d’impact Environnemental et Social de la société Toliara Sands ont commencé en décembre 2014, les représentants des 84% de la population concernée par son projet d’exploitation d’ilménite dans les communes de Ranobe, Ankilimalinike, Tsianisiha, Marofoty, Milenaka et Ankililoaka ont déclaré par écrit leur désaccord avec ce projet en expliquant clairement leurs motivations, selon la procédure requise.
Malgré le refus catégorique du projet de la part de ces communautés, et les efforts qu’elles ont déployés pour établir un dialogue avec l’ONE au sujet de leurs préoccupations concernant les impacts potentiels du projet de la société Toliara Sands, d’après les dernières informations reçues par les signataires de ce communiqué, l’ONE aurait décidé d’octroyer son permis environnemental à cette société.
Face à ce mépris délibéré de l’opinion des centaines de citoyens malagasy qui ont exprimé leur désaccord avec ce projet, les signataires de ce communique de presse rappellent à l’ONE qu’il doit être redevable en premier lieu envers les communautés concernées par les projets d’exploitation minière. Ils appellent cette institution à une plus grande autonomie vis-à-vis des sociétés qu’elle est censé évaluer, et à une plus grande prudence par rapport aux défis et aux dangers de l’exploitation minière pour les droits humains fondamentaux des communautés riveraines et des générations futures.
Plus généralement, les signataires de ce communique se joignent aux autres organisations de la société civile qui exhortent les autorités et décideurs à préserver le patrimoine national et à remplir leurs obligations en matière de protection des droits humains des communautés concernées par les projets d’exploitation minière, plutôt que de favoriser une dilapidation des ressources du capital naturel de Madagascar dans une politique d’extraction effrénée qui ne profite qu’à une minorité.
Les signataires soulignent la nécessité d’un dialogue inclusif, transparent et continu entre les communautés concernées, la société civile et l’Etat au sujet de la régulation des investissements étrangers en général, et de la gouvernance du secteur minier en particulier, sans attendre que le pays se trouve encore confronté à une situation de catastrophe qui aura été largement annoncée, à l’instar du désastre actuel qui est la conséquence de la dégradation des infrastructures dans un contexte de négligence généralisée.