À Madagascar, le Forum public sur la justice climatique et les droits de l’homme a pris fin samedi 25 septembre. À cette occasion, des habitants venants de différentes régions du pays se sont mobilisé à Antananarivo contre les projets miniers qui aggravent les dégâts du changement climatique et remettent en cause leurs droits culturels, sociaux et économiques.
Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain
« Le droit de dire non », dans les allées du jardin d’Antaninarenina, c’est ce slogan que les communautés affichent sur les banderoles de leurs stands. Raymond Mandiny, agriculteur et président de la plateforme de la société civile d’Ambanja, dans le nord-ouest du pays est affecté par un projet d’extraction de terres rares dans la péninsule d’Ampasindava, pour lequel les populations n’ont pas été consultées, souligne-t-il : « 7 000 puits ont été creusés dans le cadre d’essais. Ils ont été mal rebouchés et il y a des affaissements. Il n’y a même pas un mois, un enfant est tombé dans un trou proche du village. Nous, nous disons qu’il faut laisser les communautés cultiver la vanille, le poivre, le café, le cacao qui a d’ailleurs une qualité de renommée mondiale à Ambanja. C’est tout cela qui est bénéfique pour nous, mais pas l’argent que la société veut donner pour exploiter nos terres. La culture, c’est une tradition qui se transmet de génération en génération. Si on prend nos terres, où allons-nous aller ? »
C’est aussi le droit culturel des populations qui est remis en cause, poursuit l’agriculteur : « Selon notre coutume, il y a des terres venant de nos ancêtres qu’il faut protéger. Par exemple, là où ils ont fait les essais, des tombes ont été déplacées. »
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Revoir la politique de développement
Pour prévenir de nouvelles atteintes, notamment, aux droits à la terre des populations, le gouvernement doit revoir sa politique de développement, estime Zo Randriamaro, coordinatrice du Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement-Océan Indien (CRAAD-OI) :
« On ne peut pas logiquement espérer lutter en faveur de la justice climatique tout en poursuivant les mêmes politiques de développement caractérisées par une tendance que j’appelle extractiviste, c’est-à-dire s’appuyant principalement sur des stratégies de développement qui visent à promouvoir des projets à grande échelle d’extraction que ce soit de ressources minières ou de ressources agricoles, telles que la terre et l’eau. Évidemment, à part le fait que donc ce sont des projets qui vont certainement aboutir à la dépossession et au déplacement des communautés de leurs terres et de leur accès aux ressources naturelles, ce sont aussi des projets qui ont une empreinte écologique gigantesque, ce qui fait que ce genre de projet va certainement encore aggraver la catastrophe climatique qui accable déjà Madagascar et ce n’est pas acceptable. »
Les organisateurs réclament une prise de position claire du gouvernement malgache sur ce type de projets.