Mercredi 31 mai 2023
Nous, peuple de l’océan Indien, dénonçons l’opération de la honte baptisée Wuambushu par la France sur l’île de Mayotte. Cette opération bafoue les principes élémentaires des droits humains et perpétue de façon dangereuse la fragmentation du peuple de l’archipel des Comores et plus largement de l’océan Indien. Les plusieurs centaines de familles comoriennes qui quittent leurs îles respectives pour aspirer à une meilleure condition de vie ne sont victimes que de l’instabilité chronique de l’État comorien provoquée par la France elle-même, notamment par le biais du mercenariat soutenu par l’État français ou encore, une politique xénophobe à leur égard.
Nous peuple de l’océan Indien accusons la France à travers cette opération de :
- Diviser le peuple de l’océan Indien, les poussants à ne pas se reconnaitre dans leurs passés et histoires communes de peuple longtemps subjugué à l’asservissement, sous différentes formes, et de la colonisation,
- ne pas permettre l’émergence d’une identité indo-océanique aux peuples des états insulaires de l’océan Indien pour leurs permettre d’accéder à la souveraineté régionale et de vivre en paix, en solidarité et en toute fraternité,
- ne pas permettre une politique régionale souveraine, cohérente et libre pour adresser collectivement les défis que représentent la crise climatique et la gestion commune de leur territoire marin en proie à la dilapidation et à la destruction,
- ne pas permettre l’aspiration des peuples de l’océan Indien à la paix et de non-parti pris dans n’importe quel conflit entre n’importe quelle puissance militaire,
- déstabiliser l’harmonie sociale, politique et écologique de la région, notamment en soutenant l’intérêt de corporation coupable d’écocide à travers une présence militaire importante sur les territoires illégalement occupés par la France.
Nous peuple de l’océan Indien appelons la République Française à :
- entériner la décision de justice de Mamoudzou, du 25 avril 2023 et de renoncer de façon définitive à toute résolution à la violence dans la politique migratoire dans l’archipel des Comores,
- respecter la résolution 1514 des Nations Unies sur l’indépendance des peuples et leurs droits à la paix, l’autodétermination et l’intégrité de leurs territoires respectifs,
- respecter plus particulièrement la résolution 3385 des Nations Unies qui reconnait que la souveraineté de l’archipel des Comores inclue Mayotte,
- respecter par la même la résolution 34/91 des Nations Unies pour la restitution des îles éparses appartenant à Madagascar,
- respecter les déclarations de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe qui affirment l’appartenance de Mayotte à l’Union des Comores,
- restituer au plus vite l’intégrité territoriale de l’Union des Comores afin de mettre un frein aux dynamiques de haine qui divise le peuple comorien et déstabilise la paix sociale de la région de l’océan Indien,
- stopper tout soutien aux corporations impliquées dans les activités qui ne respectent pas la vie, les peuples et les écosystèmes dans le bassin de l’océan Indien,
- démanteler toute présence militaire française dans la région et de promouvoir le souhait des peuples de l’océan Indien à la paix tel que présenté par la résolution 2832 des Nations Unies.
Nous les organisations signataires, représentant le peuple de l’Océan Indien, sommes solidaires de la population mahoraise face à la violence dont elle fait face. Nous invitons cependant, par là même la population mahoraise à ne pas céder aux réponses trompeuses de haine et fratricide des politiques xénophobes. La seule à porter la responsabilité historique de cette violence qui se perpétue est la France coloniale. Nous appelons la population mahoraise à se reconnaitre dans l’histoire commune indo-océanique et de voir dans le conflit qui affecte l’archipel des Comores, une atteinte à cette indo-océanie vouée aux mêmes défis climatiques, écologiques et géopolitiques.
Nous en appelons au peuple français à la solidarité avec la population de l’archipel des Comores et de faire pression sur l’État français afin que ce dernier n’use d’aucune forme de violence envers le peuple comorien et respecte les différentes déclarations, internationale et régionale, en faveur de la décolonisation dans l’océan Indien et ailleurs.
Comores | • Mohamed Said Moudjib pour NGO’SHAWO • Fatima Mze Saïd activiste et militante pour un état de droit aux Comores |
Madagascar | • Zo Randriamaro pour CRAAD-OI (Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement – Océan Indien) |
Maurice | • Dany Marie pour CARES (Centre for Alternative Research and Studies) • Stefan Gua pour Rezistans ek Alternativ • Devianand Narrain pour GWF (General Workers Federation) |
Réunion | • Laetitia Boqui-Queni pour la Fondation Héva |
Rodrigues | • Julienne Meunier pour RGEA (Rodrigues Government Employees Association) • Marie Antoinette Casimir pour RWF (Rodrigues Workers Federation) • Hedley Casimir pour RTAIWU (Rodrigues Tourism and Allied Industries Workers Union) • Jocelin Louis pour RPAIWU (Rodrigues Private And Allied Industries Workers union) |