En dépit des nombreux appels lancés par les organisations de la société civile signataires, en soutien à l’opposition légitime des populations locales de la région de Tuléar concernées par le projet d’exploitation minière Base Toliara, les autorités malgaches restent sourdes à leur détresse au mépris du principe de leur consentement libre, éclairé et préalable, et de leurs droits fonciers reconnus par la loi.
Le 02 mai 2019, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de 30 membres des communautés de Benetse, Ampototse et Tsiafanoka, accusés d’avoir porté atteinte aux installations de Base Toliara à Ranobe, alors que celles-ci seraient situées sur le domaine de l’Etat. Ces personnes ont été amenées par les forces de l’ordre à Tuléar.
A l’heure actuelle, 21 d’entre eux ont été libérés, tandis que les neuf (09) autres sont toujours détenus et auraient été emmenés dans un autre endroit.
En raison de l’appel qu’elles avaient lancé le 20 avril au Président de la République et aux décideurs de l’Etat à prendre une décision qui puisse prouver aux communautés concernées que leurs demandes ont été entendues, et que leurs droits fondamentaux sont respectés, les organisations de la société civile CRAAD-OI et Collectif TANY sont au plus grand regret de constater que la réponse à cet appel a été essentiellement la répression et la violation des droits de ces communautés sur leurs terres et sur leurs ressources naturelles.
Nous déplorons ces événements inquiétants sur lesquels toute la lumière doit être faite, afin d’éviter toute manipulation, voire campagne de désinformation contre les défenseurs des droits et intérêts des populations locales. Eu égard aux déclarations faites par certains individus dans les divers reportages télévisés sur le sujet, il importe de souligner que la seule personne qui revendique les actes de vandalisme à l’encontre du projet Base Toliara n’a pas été arrêtée, bien qu’on l’ait vu à l’œuvre.
A cet égard, nous rappelons aux autorités compétentes que la législation en vigueur dispose que les occupants ont des droits de propriété sur les terres qu’ils cultivent depuis plusieurs décennies dans le cas des communautés concernées par le projet Base Toliara, même s’ils n’ont pas de documents formels de propriété foncière.
Nous condamnons les représailles à l’égard des efforts de protection de leurs droits déployés par les membres de ces communautés, et avec les milliers d’habitants de Benetse, Ampototse et Tsiafanoka qui sont venus à Toliara pour les soutenir, nous réclamons avec détermination :
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la libération immédiate des 09 personnes détenues dans un lieu tenu secret ;
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le respect de leurs droits à une justice équitable et impartiale, ainsi que des droits de la défense ;
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l’arrêt de toute répression à l’égard des manifestants qui les soutiennent ;
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et la satisfaction de leurs revendications.
5 mai 2019
CRAAD-OI : Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement – Océan Indien craad.madagascar@gmail.
Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
patrimoine.malgache@yahoo.fr ;