SEM. ANDRY RAJOELINA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE MADAGASCAR ET À TOUS LES MINISTRES MALAGASY CONCERNÉS
Située sur la côte Nord-Ouest de Madagascar, la presqu’ile d’Ampasindava abrite les derniers espaces de forêts de la zone du Sambirano et un espace côtier particulièrement riche en biodiversité. Ces habitats constituent un refuge pour de nombreuses espèces endémiques et menacées. Le bien-être des populations de la presqu’ile dépend également largement du maintien de ces écosystèmes qui leur fournissent de nombreux produits (nourriture, énergie, matériaux de construction, pharmacopée et sources de revenus), et services (eau, protection contre les cyclones, microclimat, fertilité des sols).
Cet équilibre fragile est aujourd’hui menacé par le développement du projet minier de terres rares de la société Reenova Rare Earth Malagasy (RREM), filiale de Reenova Investment Holding Limited, enregistrée à Singapour, qui déclare disposer d’une concession de 238 km2, pour extraire des minerais faisant partie des terres rares, dont des éléments entrent dans la fabrication des téléphones cellulaires et de nombreux autres appareils modernes tels que moteurs électriques, pièces informatiques.
Ce terroir aux paysages verdoyants entre mer et montagne regroupe des communautés qui vivent essentiellement de la pêche et de l’agriculture notamment de cultures d’exportation comme la vanille, le cacao ou le café. Par ailleurs la presqu’île se situe aux portes de l’archipel de Nosy Be, haut lieu du tourisme à Madagascar.
L’extraction de terres rares est connue dans le monde pour détruire gravement et de manière irréversible, l’environnement et la santé des habitants. Avec son permis de recherche actuel, la société RREM prévoit d’entreprendre des essais pilotes qui auront les mêmes conséquences désastreuses sur des milliers d’hectares naturels, notamment la pollution extrêmement toxique (métaux lourds, solvants, acides, déchets radioactifs) qui menace les moyens d’existence des populations affectées et riveraines ainsi que la biodiversité terrestre et marine exceptionnelle de la région. Par ailleurs, en septembre 2020, la société a déposé une demande de permis d’exploitation.
Par la signature de cette pétition, les communautés locales et leurs alliés qui s’opposent depuis des années à ce projet, avec le soutien des citoyens du monde entier, réclament que les autorités compétentes Malagasy
· cessent les tentatives de mise en œuvre des essais pilotes d’extraction de terres rares par la société RREM,
· et rejettent officiellement la demande de permis d’exploitation .
La presqu’île d’Ampasindava, jouit d’une biodiversité exceptionnelle avec un taux d’endémisme très élevé. Ses montagnes, ses forêts, de vastes mangroves et un littoral très découpé constituent l’habitat fragile de nombreuses espèces animales et végétales uniques au monde.
Sur terre, une multitude d’oiseaux cohabitent avec des reptiles, des amphibiens et plusieurs lémuriens dont le Lépilemur mittermeieri qui ne vit nulle part ailleurs. Côté mer, une quinzaine d’espèces de mammifères marins évoluent dans ses eaux, dont le rorqual d’Omura, une baleine rare découverte récemment, ainsi que des requins baleines et une multitude de poissons de récifs et de coraux.
Cet écosystème unique au monde est aujourd’hui menacé!
Le projet minier de terres rares de la société Reenova Rare Earth Malagasy (RREM) est une menace imminente car même si la technologie envisagée à Madagascar (lixiviation sur site) est qualifiée de « la moins nocive en Chine », cette industrie est la plus polluante au monde car elle nécessite, entre autres, des produits chimiques tels que du chlorure de sodium, du sulfate d’ammonium, ou encore de l’acide oxalique, ainsi qu’une énorme quantité d’eau, entrainant des rejets toxiques et radioactifs considérables sur les terres, nappes phréatiques et populations alentours (acides, Thorium,…). Pour la production d’une tonne de de terres rares, 7 tonnes de sulfate d’ammonium et 1,5 tonne d’acide oxalique sont nécessaires !
La production d’1 tonne de terres rares génère également 1.000 tonnes d’eau contaminée par du sulfate d’ammonium et des métaux lourds, et 2.000 tonnes de déchets toxiques. Dans le cadre des essais pilotes qu’elle compte très prochainement entreprendre avec son permis de recherche, la RREM déclare qu’elle prévoit d’exporter jusqu’à 800 tonnes d’oxydes de terres rares qu’elle va vendre, jouant sur le fait que la législation malgache n’impose aucune limite en termes de quantité pour de tels essais, et faisant fi de la loi interdisant la commercialisation des produits extraits dans le cadre des permis de recherche. Rien qu’avec ses essais pilotes, la RREM produirait 800.000 tonnes d’eau contaminée 1,6 tonnes de déchets toxiques, ce qui serait déjà un désastre écologique et économique pour la région ! Et si jamais la RREM obtient un permis d’exploitation et maintient sa projection visant à produire 10.000 tonnes de terres rares par an pendant 40 ans – renouvelable -, une telle exploitation produirait 500 millions de tonnes d’eau contaminée et 1 milliard de tonnes de déchets toxiques au bout de 50 ans !
La topographie de la presqu’île est marquée par des massifs montagneux où prennent source les cours d’eau qui l’alimentent. Ces rivières qui finissent par se jeter dans le Canal du Mozambique ne manqueront pas d’entraîner avec elles toutes les eaux rejetées par ce type d’exploitation, entraînant la pollution marine de toute la zone. Le Nord de Madagascar est régulièrement sujet à des pluies diluviennes pendant la saison cyclonique, le niveau moyen des précipitations dépasse les 2000 millimètres par an. Ces fortes précipitations pourraient également entraîner le débordement des sites de stockage, comme cela a été le cas en Chine.
La question du stockage des boues doit également être posée. Dans le cas où les sites de stockage ne seraient pas étanches, les suintements permanents des eaux acides entraîneraient la modification du taux d’acidité (pH) et l’envasement des rivières voisines, elles-mêmes se déversant dans la baie d’Ampasindava générant des conséquences irrémédiables sur un écosystème marin exceptionnel.
Les impacts destructeurs de ce projet minier sur les droits humains et les moyens de subsistance des communautés riveraines ainsi que sur le secteur touristique, noyau de l’économie de l’archipel de Nosy Be sont certains.
Les retombées économiques attendues par l’Etat et les promesses d’emploi, de reforestation et d’amélioration des conditions de santé et d’hygiène annoncées par la société ne compenseront jamais les lourds désastres écologiques inévitables et les pertes financières que causeraient les essais de production et l’exploitation. Face à ce constat dévastateur et irréversible pour la région et ses habitants, il est essentiel que ce projet ne voie jamais le jour, et que ces essais pilotes qui constituent une menace imminente soient interdits immédiatement !
Face à ce constat dévastateur et irréversible pour la région et ses habitants, il est essentiel que ce projet ne voie jamais le jour, et que ces essais pilotes qui constituent une menace imminente soient interdits immédiatement !