La première école d’activisme pour les jeunes à Madagascar
Madagascar a été sous les feux de la rampe en 2021 en raison de la famine dévastatrice qui s’est produite dans le sud du pays et qui a été décrite comme la première famine d’origine climatique au monde. Alors que les médias ainsi que plusieurs organisations internationales ont attiré l’attention du monde sur cette conséquence dramatique de la crise climatique, les mauvais résultats de la COP26 montrent que cette situation désastreuse n’a pas été prise en compte par les négociateurs aussi sérieusement qu’elle aurait dû l’être, et continuent d’exposer la population malgache à une énorme violation de ses droits humains fondamentaux. En effet, comme cela a été le cas tout au long de ces dernières décennies, les résolutions prises lors de la COP26 n’apportent aucune solution concrète pour résoudre ou même atténuer les impacts délétères du changement climatique à Madagascar où ceux-ci sont appelés à devenir de plus en plus dévastateurs. Et même si les émissions sont effectivement réduites, les communautés affectées à Madagascar continueront à souffrir des pertes et dommages toujours plus importants dus au changement climatique. Bien que le gouvernement malgache ait indiqué que les actions liées au changement climatique seront dorénavant prioritaires, les mesures concrètes d’adaptation et d’atténuation à moyen et long terme restent floues et les actions prévues sont fortement axées sur la lutte contre la déforestation. En outre, le gouvernement continue de considérer le secteur extractif comme le fer de lance de la relance économique du pays, une priorité de la politique de développement qui contraste fortement avec son approche proclamée du changement climatique car elle tend à perpétuer le système extractiviste hérité des régimes coloniaux et post-indépendance. Les stratégies de développement actuelles sont notamment axées sur la promotion des secteurs extractif et agro-industriel, ainsi que sur le développement de l’économie bleue et l’établissement de zones économiques spéciales dédiées aux investisseurs étrangers, parallèlement à la gentrification de plusieurs zones urbaines. En conséquence, ces stratégies de développement se caractérisent par leur empreinte écologique très préoccupante, et leurs grandes emprises foncières qui entraînent des problèmes récurrents d’accaparement des terres.
Cette conjoncture constitue une menace imminente pour le pays, en particulier pour les groupes les plus vulnérables. D’autant plus que la plupart des acteurs semblent se focaliser uniquement sur la situation de la région sud du pays, alors que les principaux impacts du changement climatique tels que la raréfaction de l’eau, touchent pratiquement toutes les régions de Madagascar, y compris les hautes terres où se trouve la capitale nationale. En plus des impacts sur la production agricole qui constituent une menace certaine pour la sécurité alimentaire, tous ces impacts créent une crise sociale et économique croissante qui contribue à l’instabilité politique déjà exacerbée par les conséquences de la pandémie de Covid -19.
Avec le soutien du RLS, le RSCDA-IO a commencé à construire un mouvement social pour la justice climatique et les droits de l’homme mené par des groupes de jeunes et de femmes en 2021. Cette initiative réussie a permis de sensibiliser non seulement sur les enjeux de la justice climatique y compris ses impacts sur les droits fondamentaux de la population, mais aussi sur les actions requises et urgentes à mettre en œuvre avec la participation effective des groupes de jeunes et de femmes. Cependant, au vu des réponses inadéquates à la crise climatique actuelle, qui est devenue une crise sociale et humanitaire pour Madagascar, il apparaît qu’une pression permanente doit être exercée sur les décideurs, tant au niveau international que national, afin que les droits fondamentaux de la population malgache soient protégés dans le cadre de cette crise climatique.
L’organisation de « l’école de l’activisme » fait partie des stratégies visant à renforcer et à élargir le mouvement pour continuer à réclamer des mesures et des politiques adéquates pour faire face à la crise climatique est parmi les actions prioritaires. Entre autre, l’association CRAAD-OI consacre dans ses activités des formations et des animations auprès des communautés de base surtout les jeunes afin d’aborder les enjeux mondiaux dans une perspective d’éducation à la citoyenneté mondiale, solidaire et pour un monde plus juste. Ainsi, une semaine de formation bloquée en deux (2) phases ont été organisées à Antananarivo