VERS UNE VISION ALTERNATIVE DU DEVELOPPEMENT
A MADAGASCAR : EXTRACTIVISME, DROITS DES FEMMES ET DE LA NATURE, ET ROLE DE LA SOCIETE CIVILE
1. Contexte et justification
L’extractivisme constitue l’élément conceptuel central de la politique de développement actuelle de Madagascar. En effet, depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel en 2014, Madagascar s’est engagé dans la promotion des industries extractives, considérée comme étant la voie royale vers l’éradication de la pauvreté et le développement.
D’une part, les secteurs minier et pétrolier sont l’un des piliers du Programme National de Développement, et les autorités étatiques sont en train de s’atteler à la mise en place du cadre légal et politique pour assurer leur développement et leur contribution en tant que principal pilier de la croissance économique nationale. D’autre part, l’argument selon lequel Madagascar dispose de plus de 18 millions d’hectares de terres non exploitées a justifié la promotion agressive d’investissements dans le secteur agricole, ce qui fait que Madagascar occupe actuellement la première place parmi les pays africains en matière d’accaparements de terres par des investisseurs étrangers.
Les conséquences désastreuses de cette politique de développement sont devenues de plus en plus évidentes au cours des deux dernières années, avec la paupérisation de la grande majorité de la population, l’accroissement des inégalités et la polarisation sociale, la montée des conflits sociaux et de la violence à l’égard des femmes, le pillage organisé des ressources naturelles par une minorité proche du pouvoir, et la dégradation accélérée de l’environnement pour n’en citer que quelques unes.
Dans ce contexte, un nombre croissant d’organisations de la société civile s’est investi dans la veille et le plaidoyer sur la gouvernance des ressources naturelles, en particulier les ressources foncières, minières et pétrolières. Cependant, au vu des réalités susmentionnées, il convient de s’interroger sur les réponses apportées par la société civile, et de se poser la question de leur adéquation à l’économie politique actuelle du pays, y compris les enjeux géostratégiques.
Il convient de souligner notamment que les interventions de la majorité des organisations de la société civile ignorent le plus souvent les dimensions de genre et les droits des femmes. De surcroît, en raison de sa focalisation excessive sur la fourniture de services et les aspects opérationnels, la société civile Malagasy manque cruellement de propositions pour des alternatives visant à dépasser les limites et les failles du modèle de développement actuel.
Afin de remédier à cette situation, cette Conférence organisée par le CRAAD-OI avec l’appui du CCFD est consacrée au lancement d’un débat sur les enjeux de développement, les droits des femmes, la question environnementale et le rôle de la société civile dans le cadre d’un accroissement de l’exploitation des ressources naturelles à Madagascar, en vue de construire un cadre analytique et conceptuel qui permette d’aboutir à des alternatives de développement plus justes et plus respectueuses des droits des femmes et des futures générations.
2. Objectifs de la Conférence-débat
- Offrir un espace de rencontre et d’échanges de vues sur le paradigme de développement actuel à Madagascar ;
- apporter des perspectives nouvelles sur l’analyse des industries extractives et de leurs impacts, en particulier sur les droits des femmes et l’environnement;
- partager les expériences des organisations de femmes et de la société civile dans le contexte d’autres pays.
3. Thèmes et intervenants de la Conférence-Débat
- Thème 1 : Le paradigme de développement économique actuel à Madagascar : enjeux et perspectives – Serge Zafimahova
- Thème 2 : L’extractivisme en question : l’expérience des autres pays – Charlotte Kreder
- Thème 3 : Pourquoi le focus sur les droits des femmes ? WoMin : concepts et principes fondateurs, vision et trajectoire – Georgine Kengne.
- Thème 4 : La question du Consentement libre, éclairé et préalable (restitution de la table ronde de Nairobi) – Mirantsoa Rasolomandimby.
- Thème 5 : Exemples d’alternatives et rôle de la société civile (restitution de la COP 22) – Toky Ravoavy.
- Modératrice : Zo Randriamaro.
4. Format et participants
Le processus de la Conférence-débat sera interactif, avec des échanges sur les différents thèmes entre les intervenants susmentionnés et les membres de l’audience, avec la facilitation de la modératrice qui orientera le débat avec une liste de questions spécifiques destinées à mettre en relief les points critiques à discuter.
L’auditoire sera composé de représentants de la société civile, des media, des universitaires, et des services étatiques intéressés.