Conférence-débat sur la Justice Climatique et la Transition Energétique

Antananarivo, le 09 août 2022

La crise climatique est multidimensionnelle : au-delà de ses impacts immédiats – sur la santé humaine ou sur l’environnement – elle a aussi des impacts énormes sur les droits économiques, sociaux, civils et politiques, ainsi que sur le droit au développement. Bien que Madagascar ait très peu contribué à la crise climatique, avec ses émissions de CO2 de 0,1 tonne/hab qui sont parmi les plus faibles du monde, le pays figure parmi les plus vulnérables face aux défis actuels liés au changement climatique, en particulier au regard de la transition énergétique qui est désormais un impératif auquel aucun pays ne peut se soustraire. La pauvreté énergétique et le manque d’accès aux sources d’énergie durable constituent notamment des facteurs déterminants dont les effets néfastes dépassent largement les limites du secteur de l’énergie.

Dans un tel contexte, les efforts nationaux et internationaux pour faire face à la crise climatique et assurer une transition juste vers une économie durable et décarbonisée sont compromis par la crise énergétique actuelle provoquée par la guerre en Ukraine et ses impacts immédiats et à plus long terme. De surcroît, les engagements pris au niveau international en faveur de la décarbonisation des processus de production et de la transition énergétique font l’objet d’une attaque directe de la part des entreprises multinationales et de leurs alliés étatiques à travers la promotion du Traité sur la Charte de l’Energie qui est utilisé par les entreprises pour affaiblir les mesures de régulation relatives au changement climatique et obtenir des compensations.

Pour les pays du Sud comme Madagascar qui constituent les principales zones d’extraction des matières premières stratégiques requises pour cette transition énergétique, celle-ci doit faire l’objet d’un effort délibéré et inclusif de toutes les parties prenantes afin d’en identifier les principaux enjeux et de définir collectivement les stratégies appropriées pour réduire la pauvreté énergétique et développer les sources d’énergie durable. Cet effort doit se situer dans la cadre des limites imposées par les engagements pris par les pays industrialisés de mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles et de promouvoir la production de sources d’énergie qui ne soient pas néfastes pour le climat et notre planète.

Pour faire face à tous ces défis et y répondre efficacement, il est nécessaire d’adopter des mesures immédiates, non seulement au niveau international, mais également à l’échelle nationale avec la participation des communautés et des groupes sociaux directement affectés par les crises climatique et énergétique – notamment les femmes et les jeunes. Une action transformatrice, puissante et coordonnée de toutes les parties prenantes doit être initiée d’urgence afin de protéger et de garantir le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable, ainsi que le droit au développement et le bien-être de tous les citoyens Malagasy.

C’est dans cette optique que le CRAAD-OI a organisé une conférence-débat sur le thème « La Justice Climatique et les Enjeux de la Transition Energétique pour Madagascar » avec la participation des différentes entités étatiques concernées et des principales parties prenantes.

L’objectif principal était de créer un espace d’échanges et de discussions entre les différentes parties prenantes sur la thématique de la crise climatique et de la transition énergétique afin de pouvoir conjuguer les efforts pour que la population Malagasy puisse bénéficier d’une authentique justice climatique et ne soit pas victime des effets pervers de la transition énergétique.