Depuis 2015, les organisations de la société civile et les communautés affectées par le projet d’exploitation de terres rares à Ampasindava, dans le district d’Ambanja, n’ont cessé d’alerter les autorités Malagasy sur les dangers de ce projet de la société Tantalum Rare Earth Madagascar (TREM), qui a été renommée RREM après que la société d’état chinoise REENOVA en soit devenue l’actionnaire majoritaire.
En effet, un tel projet aura des impacts désastreux sur des milliers d’hectares d’espaces naturels, notamment la pollution extrêmement toxique qui menace les moyens d’existence des populations affectées et riveraines ainsi que la biodiversité terrestre et marine exceptionnelle de la région[1].L’extraction des terres rares et son raffinage ont un terrible coût pour l’environnement et les écosystèmes en général. D’ailleurs, des réserves importantes existent aux Etats-Unis, au Canada, en Australie ou encore au Brésil mais ces pays en ont abandonné depuis longtemps l’extraction en raison des problèmes de pollution inhérents à ces minéraux.
A leur instar, Madagascar ne devrait en aucun cas accepter de sacrifier son environnement et la vie de ses citoyens sur l’autel des intérêts de ce Holding asiatique. Par ailleurs, cette exploitation n’affectera pas uniquement les communautés riveraines d’Ampasindava mais aura également de lourdes conséquences sur tout le district de Nosy Be, touchant particulièrement le secteur touristique qui est pourtant le noyau de l’économie locale.
Les expériences au niveau mondial comme le cas de Baotou, en Mongolie intérieure, ont démontré les effets dévastateurs et irréversibles d’une telle exploitation qui, outre les dégâts écologiques, ont également causé une forte augmentation du taux de cancer et des maladies respiratoires parmi les populations affectées[2]. Un article paru dans Mongabay en 2017 a permis notamment de connaître des publications de J. Klinger, une universitaire qui mène des recherches sur l’exploitation des terres rares. Elle a visité plusieurs sites d’extraction dans le monde et déclare avoir croisé entre autres de nombreux habitants « à la peau cloquée et aux dents décolorées, résultat de l’exposition chronique sévère à l’arsenic et affirme que les dizaines d’années d’extraction minière ont pollué le sol et l’eau et empoisonné lentement les riverains et leur bétail »[3].
Bien que la société RREM n’ait pas encore obtenu son permis minier, elle projette prochainement de procéder à des essais pilotes dont les conséquences telles que décrites ci-dessus seront aussi désastreuses que l’exploitation elle-même.
Par conséquent, les communautés affectées [4] et les organisations signataires du présent Communiqué lancent un appel urgent aux autorités Malagasy pour :
- empêcher la conduite de tels essais étant donné leurs impacts désastreux et irréversibles sur la survie des populations riveraines, et sur le patrimoine naturel de la région ;
- en tant que principal responsable de la protection des droits humains, donner la primauté aux voix et aux droits des communautés concernées et ainsi, rejeter la demande de permis d’exploitation de terres rares à Ampasindava.
Fait à Antananarivo le 23 novembre 2020